La Robe
Et l'effet qu'elle produit sur les femmes qui la portent et les hommes qui la regardent.
C'était un film de 1996, que j'ai vu il y a un petit bout de temps maintenant. Je pense que j'étais alors un peu jeune pour en comprendre toute la symbolique, seulement voilà, le titre m'est resté en tête. C'est l'histoire d'une robe qui semble avoir une conscience propre, une sorte de malédiction : il arrive malheur aux femmes qui la portent, en partie parce qu'elle rend fous les hommes qui la regardent.
Aujourd'hui, j'ai réalisé que j'avais La Robe dans mon armoire. Je l'aime bien cette robe, elle est légère, a une coupe originale, j'aime la manière dont le lacet du décolleté se balance sur mon ventre au rythme de mes pas, j'aime ses volants, ceux qui semblent valser autour de jambes, et ceux qui me caressent les épaules. J'aime son style pas vraiment défini, celui de celle qui se laisse porter avec des bottines pour marcher, ou encore avec des sandales pour sortir. J'aime sa couleur discrète, entre taupe et sable, celle qui semble dire qu'il n'est pas nécessaire de faire mal aux yeux pour attirer l'attention.
Je l'avais portée jeudi dernier, et j'avais eu le droit à toutes sortes de remarques, très softs, de la part de mes collègues : "Enzy s'est mise en robe aujourd'hui", "t'as un rencard ce soir ? ", oui, certes, mais je parlerai de ce sujet une autre fois. Le lendemain, j'avais eu le droit à d'autres remarques, références à mon jean qui baille et mon t-shirt basique et sans prétention. "Tiens, tu ne t'es pas mise en robe aujourd'hui". Bref, je m'étais déjà mise en robe au travail, mais je n'avais jamais suscité tant d'attention.
Ce matin, j'ai compris qu'elle avait un pouvoir hypnotique. Le sifflement dans la cité dans laquelle j'habite, le regard en coin du gars en face dans le métro, et celui qui m'a quasiment sauté dessus dans la rue, en me débitant un "salutmoic'estmachin,t'esprêteànoter,monnuméroc'est06tructruc", qui m'a littéralement scotchée ! J'ai fait ma blonde, sourit gentiment, baissé la tête, peut-êre même rougit...
Le meilleur, c'était quand même les convoyeurs de la Brinks, les ambulanciers et les conducteurs du camion de transfert (oui, j'ai repris aujourd'hui ma routine quotidienne, après des journées un peu cahotiques suites à des pannes de réveil, d'oreiller et autres incidents en tous genres).
J'ai toujours rêvé d'être un gangster... je pourrais peut-être me lancer comme diversion !